Comment expliquer le début d’une vie inconnue ? Shin sait quand il est né. La personne l’ayant abandonné ayant eu la décence de laisser une lettre en sa compagnie. Le premier janvier, date de naissance, date d’anniversaire. C’était tout ce qu’il y avait à savoir. Mais à quoi bon. Des anniversaires jamais fêtés, une naissance inutile ou non souhaité. Alors il n’y a rien à dire, si ce n’est que le système des enfants à placer est aussi pourri que l’on peut l’imaginer. De maison d’accueil en maison d’accueil, Shin a connu bien nombre de famille. Bien nombre d’enfants. Bien nombre de traitements différents. Un jour, alors qu’il avait quasiment été battu à mort, les médecins se rendirent compte qu’il était atteint d’une maladie rare et dangereuse. Une maladie qui, depuis des années, lui avait en quelque sorte empêché de se rendre compte de la gravité des actes de certains. De la gravité de mauvais traitements, ou même du simple savoir qu’on lui faisait du mal.
Shin est notamment atteint d’insensibilité congénitale à la douleur. Il ne peut de ce fait ressentir aucune douleur quelle qu’elle soit. Dans la vie réelle, ce fait est un réel cauchemar. Certes, le jeune enfant qu’il fût jadis n’en perçu que rarement les points négatifs. De coups de poings jusqu’à coupures au couteau, il ne pu jamais souffrir. Cette absence de douleur et cette présence de violence ne firent jamais bon mélange. Le jeune homme a passé plus de temps à l’hôpital qu’où que ce soit d’autre. Il dû suivre des cours spécialisés pour lui faire comprendre ce qu’y était supposé lui faire mal, pour lui faire comprendre ce qui était dangereux et ce dont il ne devait jamais s’approcher.
C’est dans son attitude rebelle qu’il se contrefichait royalement de tout ce savoir. Allant parfois loin sans jamais dépasser une certaine limite, il pouvait devenir un souffre-douleur où qu’il aille sans jamais réellement souffrir. Il pu protéger d’autres enfants plus jeune que lui d’un parent d’accueil un peu trop violent.
Un jour il rencontra Ayame. Les coups de foudres n’existent pourtant pas et ce n’est ni l’un ni l’autre qui auraient un jour cru dire que si, peut-être ils existaient. Ils n’étaient que des enfants âgés d’onze ans. Pourtant, ce fût dès le début leur futur, leur présent. Ayame était une fille hors du commun. Loin d’être sympathique, c’était une fanatique de ciseaux qui n’avait pas sa langue dans sa poche. C’était le genre de fille qui vous foutait son poing dans la figure et qui se jetait sur vous pour le moindre regard de travers, habillée de vêtements foncés et portant toujours du maquillage. Jalouse et possessive, elle ne supportait pas qu’une fille ne parle à Shin. Et souvent, elle lui reprochait d’être un peu trop charmeur ou trop sympathique. Plus d’une dizaine de fois par jour, ils s’engueulaient. Plus d’une dizaine de fois par jour, elle lui sortait sa phrase habituelle, lui demandant s’il voulait la larguer. Chien et chat, chat et souris. Tel était leur moto. Rebelles et confiants, ils essayaient de tout et n’en rataient pas une. Le premier gars qui lui faisait du rentre dedans, si elle ne l’envoyait pas bouler elle-même, alors Shin s’arrangeait pour que le gars en question n’ai plus jamais la tête à draguer. C’était une histoire compliquée et synonyme d’ennuis à coup sûr. Mais ils s’aimaient d’un amour sincère et profond.
Grands fêtards, ce fût à l’âge de 17 ans que l’impossible arriva. Un accident. Et pour finir, il n’y avait plus que ce jeune garçon aux multiples blessures qui allait s’en sortir. Et cette malheureuse jeune fille qui était plongée dans un coma. Il fallut de nombreux mois à Shin avant de pouvoir quitter l’hôpital. Et ce fût un an après l’accident qu’il prit la décision de stopper les machines qui gardaient Ayame en vie. Dans l’espoir qu’elle respirerait d’elle-même. En vain. Depuis, on vous dira que l’arrêt des machines était la cause de la mort de Shin. Mais en réalité, son âme l’avait quitté en compagnie d’Ayame le jour de l’accident. Il dû aller en cours, mais son état ne le lui permit pas. Il fugua des maisons d’accueils, se drogua de plus belle et fit tout pour échapper à la réalité. Certains iraient même jusqu’à dire qu’il cherche à mourir, mais est-ce réellement cela ? Ayant grandi dans les rues, le jeune homme a parfaitement su se débrouiller. Alors, il fait une des choses qu’Ayame aurait faites de son vivant. Il va à l’université. Comment est-il arrivé à cette université-ci ? Disons que quand on traîne dans les rues, on en apprend des choses. Et puis, parfois, connaître du monde sert réellement à quelque chose.
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