Découvertes et retrouvailles [Zacharie-Ethaniel-Blade]

Ayant tout juste fini de déjeuner, Zacharie décida d'aller se reposer dans sa chambre. Sa matinée fut chargée en cours et le jeune étudiant avait bien besoin de faire un somme. Il se leva donc de sa table et quitta le réfectoire, la fatigue se lisant sur sa face terne. Son visage était toujours pâle mais on pouvait voir dans ses yeux qu'il n'était pas au top de sa forme. Il ne devait pas avoir attrapé quelque chose de grave, il ne se serait pas rendu en cours sinon. D'autant plus qu'il ne trouva aucune utilité à aller à l'infirmerie donc, c'est que ça devait aller. Il préféra monter dans sa chambre qui, malheureusement, se situait au deuxième étage du pensionnat. N'étant pas un garçon qui s'essouffle facilement, Zacharie gravit ces marches d'un coup, pressé de rejoindre son lit. Lorsqu'il atteignit enfin le dortoir des garçons, il entra dans sa chambre et se laissa tomber sur son matelas, comme si ses jambes refusaient de le porter une seconde de plus. Il se tourna sur le côté et enfonça son visage dans son oreiller. Ses yeux se fermèrent tout doucement et sans le moindre effort de la part du jeune brun. Il s'endormit comme une pierre, fatigué par les évènements de la nuit dernière.

Son père l'avait appelé sur son téléphone réservé à ses activités mafieuses. En effet, lui ainsi qu'Angie, possédaient chacun deux téléphones portables. Un pour parler avec les amis de l'université, ce genre de choses et un second qu'ils gardaient caché, leur servant à garder contact avec le réseau mafieux. C'était aussi par le biais de ce téléphone que leur père leur donnait leurs instructions quant aux meurtres qu'ils devaient commettre l'un et l'autre. Zacharie et Angie recevaient tous les deux les mêmes instructions. Ils s'arrangeaient ensuite tous les deux pour savoir qui s'en chargerait. Soit. La nuit dernière, Zack reçut un appel de son père lui disant de tuer un homme qui commençait à gêner leurs affaires. Angie ne pouvant pas s'occuper de cela cette fois-ci, Zacharie y alla seul. Enfilant ses vêtements adaptés, des gants, ainsi que son masque qu'il gardait cachés, il se rendit très discrètement au domicile de l'homme. Ce dernier, n'ayant pas prévu qu'on viendrait le descendre, n'avait élaboré aucune stratégie de riposte. Le garçon masqué entra en silence par une fenêtre et se faufila dans la maison obscure. Il attrapa l'homme par le visage en lui couvrant la bouche d'une main et en lui tranchant la gorge de l'autre, grâce à un couteau qu'il avait pris soin d'emporter également. Il laissa ensuite le cadavre sur le sol et repartit par la même fenêtre, en faisant bien attention de ne laisser aucune trace de son passage. Après cela, il rentra à l'université et rangea tout son attirail en lieu sûr avant de se coucher en silence.

L'étudiant eut donc du mal à sortir du lit ce matin. Mais il était habitué depuis le temps. Certes il montrait quelques signes de fatigues mais cela était valable tout le temps. Il savait bien le cacher lorsqu'il était en public, c'était essentiel pour ne pas faire planer de doute sur lui ou sur sa sœur qui se débrouillait bien aussi de son côté. Zacharie dormit donc une bonne heure avant de rouvrir les yeux, plus en forme. Il regarda ses deux téléphones et n'avait qu'un seul message sur le " non mafieux ". C'était un SMS d'Angie disant :

" Premier cours de piscine ce matin. Un vrai rêve... "

Le garçon sourit en lisant cela. Il n'allait pas lui répondre tout de suite car il savait qu'à 14h00, sa sœur avait cours. N'étant pas dans la même classe, ils avaient dû apprendre le planning de l'autre par cœur. Ne pouvant parler à personne d'intéressant, Zacharie de leva et alla regarder à sa fenêtre : il pleuvait. Il soupira mais décida quand même de sortir, pour s'occuper un peu. Il enfila sa veste noire par-dessus son T-shirt gris et redescendit les deux étages qui menait à la sortie. Il quitta les lieux et marcha en ville, sa capuche recouvrant ses cheveux noirs, et chercha un endroit où se poser. Il passa près du square et se dit que c'était le lieu idéal pour se détendre, même par ce temps. Il accéléra le pas jusqu'aux bancs qu'il savait ici. Il retira sa capuche de sa tête et s'assit en tailleur, regardant la pluie former de grandes flaques dans le square. C'est alors qu'il remarqua tout juste qu'un homme se trouvait déjà sur ce banc. Zacharie sursauta légèrement en découvrant qu'il n'était pas seul. Il sourit en se grattant derrière la tête.

- Oh ! Je ne vous avais pas vu, excusez-moi.

C'est alors qu'en regardant mieux son voisin de banc, il reconnut son visage ou du moins, il était persuadé de l'avoir déjà vu quelque part. Un beau minois comme cela, il n'allait pas l'oublier. Euh... Désolé. Zack était presque gêné de penser cela de ce gars. Il toussa, en rougissant un peu même s'il n'avait rien dit de déplacé. Il rentra ses mains dans les poches de sa veste et porta son attention sur la pluie, essayant d'avoir l'air le moins gêné possible.

Zacharie ressentait toujours cette once de gêne au fond de lui. Sa gorge était nouée et son cœur s’emballait. Il s'en voulait réellement d'avoir pensé cela de quelqu'un qu'il ne connaissait pas. Ce n'était pas son genre en plus de tenir de tels propos, même à l'intérieur de sa tête. Peut être qu'il dramatisait la situation et que les choses n'étaient sûrement pas si graves. C'était même sûr mais Zack n'était pas du tout fier de son attitude, que quelqu'un s'en soit rendu compte ou non. Ceci était plus du genre de sa sœur de parler des gens de la sorte. Franche comme elle est, Angie n'avait jamais peur de tenir ce genre de discours. N'étant pas une fille à garçons, elle s'exprimait comme cela à tous moments, et non pas juste en face de quelqu'un qu'elle trouve à son goût. Zacharie était le contraire de sa jumelle sur ce point. Toujours à intérioriser et jamais à s'exprimer, surtout au niveau de ses sentiments et de ses émotions qu'il n'aimait pas révéler, par peur qu'on se moque ou qu'on l'envoie balader. Il avait pris cette habitude au fil du temps.  

C'est alors que l'homme assis à côté de l'étudiant lui répondit. Il prit d'ailleurs un ton amical et non froid. Zacharie fut donc rassuré par sa réponse. Il ne voulait surtout pas paraître impoli ou encore le déranger. Qui sait, il aurait très bien pu être en train de faire quelque chose de très important. Une idée vint soudain à l'esprit du jeune mafieux. Et si cet homme faisait partie du gouvernement ? Félix Tusspot, son père, lui avait toujours dit de ne faire confiance à personne. Seule la famille comptait vraiment et était toujours présente dans les moments difficiles. Il ne fallait se fier à personne d'autre. De toute façon, si ce type s'avérait être un de ces agents, Zack n'aurait aucun scrupule à lui tirer une balle dans la tête ou à lui trancher la gorge comme il l'avait fait pour cet homme la nuit dernière. Tuer faisait partie de son quotidien, il avait grandi dans le meurtre et la corruption donc neutraliser un inconnu ne lui posait aucun problème. Il possédait toujours au moins une arme sur lui au cas où. En ce moment, il avait un flingue coincé entre son jean et son dos. Impossible de le distinguer car ses vêtements le recouvraient bien. Mais il n'hésiterait pas l'utiliser si la situation venait à dégénérer.

C'est alors que le gars se coupa dans sa phrase. Le son d'une voix arriva aux oreilles de l'étudiant qui releva vite les yeux. Et là se tenait devant eux le double de son voisin de banc. La copie conforme, comme un clone. La même allure, le même visage sauf... Zack plissa les yeux et remarqua que ceux de l'arrivant étaient d'un rouge inquiétant alors que ceux de l'autre homme étaient bleus. Seul cela les distinguait, du moins de ce que Zacharie pouvait voir. Il prit soudain la parole, annonçant quelque chose d'inquiétant. Ferait-il partie de la mafia ? Oui c'était fort probable. Attendez... Le jeune Tusspot remit de l'ordre dans ses souvenirs et se rappela avoir entendu des rumeurs à propos d'un homme sanguinaire appelé l'Ombre. Il manierait les armes comme personne selon les bruits qui courraient. Serait-il possible que ce soit lui qui se tienne en face de Zacharie. Ce dernier en ravala sa salive, pas très rassuré par ce type. Il fallait qu'il ait l'air un minimum effrayé pour garder sa couverture d'étudiant civil. Il restait cependant sur ses gardes, prêt à sortir son flingue pour au moins ralentir cette menace. Certes l'Ombre était un redoutable adversaire, sûrement plus fort que lui mais la vitesse à laquelle Le Chat dégainait ses armes était inégalable. Il ne gagnerait sans doute pas face à cet adversaire mais une balle dans la jambe le ralentirait. Il essayerait de ne pas le tuer car, son père ne lui en avait pas donné l'ordre. Quoique s'il voit son visage, ainsi que l'autre homme, Zacharie serait forcé de les tuer. Mais bon pour le moment, il se contenta juste de regarder tour à tour les deux frères. Puis i osa prendre la parole.

- Est-ce que vous êtes... L'Ombre ?

Le jeune mafieux adopta l'attitude de l'étudiant innocent et apeuré face au vilain mafieux : sa voix était tremblante et il rentra sa tête dans ses épaule. Mais connaissant la réputation de l'Ombre, il garda tout de même son calme afin de ne pas se faire butter.

La tension montait dans le square et Zack faisait de son mieux pour ne pas paraître louche. Il fallait être le plus naturel possible et ne pas en faire trop. Sa mine était crispée et son regard rempli d'inquiétude. Il savait bien faire semblant Le Chat. Il jouait la comédie quasiment tout le temps et mentait très bien. Toute la vie des mafieux reposait sur cela : le mensonge. Si chacun se livrait à tout le monde, la mafia serait encore pus menacée qu'aujourd'hui. L'anonymat était la seule assurance vie valable dans ce milieu. A part quand on était certain de n'avoir rien à craindre de personne, comme cet homme qui répondait au nom de l'Ombre. Il était suffisamment dangereux et expérimenté pour ne pas hésiter à sortir de l'ombre justement. Ou peut être aussi que la mort ne lui faisait pas peur. C'était fort probable aussi. Quoi qu'il en soit, ce type représentait une menace qu'il fallait écarter pour ester en vie.

La façon dont il bloqua le poignet de son frère fit sursauter Zacharie. Ce dernier regarda alors la poche dans laquelle était la main du pion. Le Chat se doutait de quoi il s'agissait, sûrement d'une arme ou d'un truc du genre. Zack savait désormais que les deux frères possédaient de quoi se défendre. Malgré cette déduction, l'adolescent faisait toujours mine d'avoir peur afin de ne pas être démasqué. Il sentait déjà qu'il avait fait une boulette en faisant allusion à la réputation de l'Ombre. Un civil n'aurait peut être pas pu être au courant mais il avait déjà une excuse en tête qu'il gardait pour le moment venu. Il dira que des bruits couraient dans l'université et dans les rues à propos d'un homme menaçant commettant des meurtres. Zacharie ne savait pas du tout si le surveillant allait y croire si jamais ils restaient en vie mais il tentera. Au pire, il le tuera et puis c'est tout.

Puis, les choses commencèrent à s'accélérer. La force que l'Ombre exerçait sur la main de son frère lui fit cracher cette injure ainsi que ce petit discours rappelant apparemment leur passé à tous les deux. Tout en se recroquevillant sur lui-même, Zack ne perdait pas une miette de ce qui se disait. Alors comme cela, ce fameux meurtrier avait pris la vie de leurs parents. Très intéressant dis donc... Voilà une information que Le Chat sera ravi de rapporter à sa famille, s'il arrivait à sortir d'ici vivant bien sûr. Plus le temps défilait et plus Zacharie hésitait à sortit son flingue qu'il gardait précieusement. Il pouvait le sentir contre sa peau, le sentir se réchauffer le long de son dos. Mais cette question résonnait dans sa tête et ne trouvait aucune réponse.

* Dois-je la sortir ou pas ? * se répétait le jeune garçon au fond de lui.

Il se mordit les lèvres, ne sachant pas quoi faire ni ce que l'Ombre avait prévu de leur faire subir à tous les deux. Zacharie n'osait pas prendre la parole car il n'était pas à sa place et il se doutait que s'il disait quelque chose, il risquait de se faire corriger sévèrement. C'était pour cela qu'il se préparer à dégainer au cas où l'homme noir se montrait menaçant envers lui.